ALTER

Alter est un spectacle de cirque mettant en scène un duo de femmes. La pièce est nourrie de deux entretiens réalisés en début de création avec deux inconnues, Lara Peyret et Maryannick Raffault. Des textes ont été écrits à partir de ces rencontres. Les thèmes principaux s’articulent entre l’adaptabilité et l’observation et le rapport à la nature, dans les sphères physiques et spirituelles.

Ces textes sont dits sur scène, sous forme de dialogues ou de monologues, en Français et en Allemand, dans un bilinguisme mettant en lumière l’altérité même des interlocutrices. Et leur complicité. La façon de jouer est naturelle, quotidienne, dans un souci de se rapprocher le plus possible du réel. Le but de performer une ordinarité au plateau est de souligner sa beauté, de mettre en lumière des philosophies humbles, de célébrer la relation humaine quotidienne et une appréhension salvatrice du monde. Dans un contexte circassien, mettant des corps généreux au travail.

Les techniques de cirque convoquées sont l’acrobatie au sol, féminine et souple; et les équilibres sur les mains, dont les acrobates déconstruisent les codes performatifs. L’écriture acrobatique est tantôt très brute, tantôt très précise, tantôt contemplative, tantôt frénétique.

La danse est importante. Celle de Charlotte Le May est souple, explosive, expressive et disloquée, celle de Verena Schneider est solide, terrestre, jetée, affirmée.

La danse se fait parfois ensemble, parfois en solitaire. La partition sonore se fait sur scène, en live. Sont utilisés deux micros (dont les pieds, figures non-animales, incarnent étrangement les deux absentes), une boîte à rythme et un synthétiseur analogique. La voix, porosité entre les actantes, est parlée, chantée ou spoken wordée, et se fait tantôt quotidienne, tantôt ambiante, tantôt invocatrice, comme un rituel cherchant racines dans le lointain. Le spectacle est tenu par une écriture nouant le calme et le naturel d’un dialogue philosophique naïf à des débordements physiques. Le souhait dramaturgique est de heurter un réel documentaire à une physicalité débordante, que d’une banalité quotidienne surgissent des corps investis d’une énergie brute. Cette brutalité primordiale est ce qui nous plaît du cirque et de la danse, et c’est ce quotidien qui nous fait défendre le cirque comme étant vecteur de possibles.

La forme est prévue pour la salle, mais sera adaptable et tout-terrain: espace public, extérieur, lumière naturelle, semi-frontal. L’adaptabilité faisant partie de l’écriture de l’œuvre.

CHARLOTTE LE MAY

Charlotte est originaire de Montréal et a vécu en France toute sa vie d’adulte.
Elle a complété la formation professionnelle du Lido de Toulouse comme équilibriste. Aujourd’hui elle pratique ce qu’on appelle l’acro-danse, ce qui lui a permis d’avoir beaucoup de travail comme interprète. Pour Aurélien Bory, la Subliminati Corporation et la Cie Premier Stratagème, une compagnie de théâtre transdisciplinaire étrange, mais bien. Elle vient d’intégrer la Cridacompany comme interprète sur leur prochaine création, et se lance actuellement sur la création d’un solo sur la timidité. Elle est passionnée par le mouvement, la musique et dormir. Elle pratique un cirque introspectif, expressif et intimiste, qui se veut propagateur d’amour et de choses bonnes à manger.

VERENA SCHNEIDER

Née en 1988 dans le Tyrol, Verena est aujourd’hui basée à Toulouse et travaille entre la France et l’Autriche. Après avoir fini la formation de l‘ÉSAC’To Lido, elle a cherché à unir sa recherche acrobatique à la danse contemporaine, si bien qu‘elle a surtout travaillé comme interprète dans des projets interdisciplinaires (pour Bert Gstettner et Doris Uhlich). Elle a créé La Discussion (2019) avec Lola Atger. Elle a également écrit Piece of a Pea, une forme courte solo sur l’interprétation qu’on se fait de la réalité, sur l’anorexie et sur l’acceptation de soi-même. Elle a fondé l‘association Freifall, qui lui a permis d‘organiser le festival Indigo City- Die Stadt Danach, et des Plateaux Partagés au BRUX Freies Theater d‘Innsbruck. Depuis quelques accidents, elle cherche à se construire une acrobatie durable en s’intéressant à différentes pratiques somatiques. Elle pratique un cirque dansé, conceptuelle et personnelle.

CIE KUMQUAT

La collaboration entre Verena Schneider et Charlotte Le May a débuté en 2020. Alter (2023) est leur première création et pose la pierre angulaire du travail de Kumquat, compagnie dont la mission première est de créer des oeuvres de cirque réfléchi. Issues de la formation professionnelle de l’Ésacto’Lido, les deux femmes savent déjà quel genre de cirque est à leur goût: introspectif, curieux, généreux, interdisciplinaire. Convaincues de la nécessité de pratiquer un art transparent, elles veulent créer des oeuvres acrobatiques nues, appréhendant le réel, sans artifices ni agrès.

Dans une volonté de contribuer à l’essor de la scène circassienne autrichienne, et dans un désir de porosité culturelle, la Cie Kumquat implante ses activités entre la France et l’Autriche. Ainsi, en plus d’un parcours artistique et productif classique sur le territoire français, Kumquat a déjà à son actif un certain nombre d’activités annexes à la création de leur premier spectacle: cabaret-parcours pluridisciplinaire Plateau(x) Partagé(s) (2019, 2020 et 2022), Festival cirque-urbanisme Indigo City – Die Stadt Danach (2020 et 2022) et Projekt C, une oeuvre immersive cirque-cinéma en cours de production. Le tout ponctué de présentations d’étapes de travail et de tenues d’ateliers.

Encore à ses débuts, la collaboration bi-nationale entre Verena Schneider et Charlotte Le May est ambitieuse et débordante d’enthousiasme. Enthousiasme trouvant déjà écho chez plusieurs partenaires animés par des envies similaires à celle de la compagnie: transcender les frontières du cirque, jouer avec ses esthétiques, diversifier ses formats. En France et à l’étranger.