LE PARADIS DES IMBÉCILES

Theatro tarot

Pour la construction de la figure à interpréter, l’acteur se sert du texte, de ses dons d’observation, de son imaginaire, de sa mémoire sensorielle et de ses expériences intimes. Il y puise ainsi les motivations singulières à cette élaboration.
L’exploration par l’improvisation des Arcanes majeurs du Tarot de Marseille permet d’inventer ce que j’appelle la « Mère de vinaigre », métaphore chimique participant de la construction de la figure.

Les 22 figures-types du tarot de Marseille sont prises ici comme répertoire Kaléidoscopique de l’âme humaine. Ces figures rappellent le panthéon de la commedia dell’arte mais, plutôt que d’improviser avec Arlequin, Pantalon, Polichinelle ou Colombine, on visitera le Pape, le Bateleur, le Diable ou l’Amoureux…

Se servant du corps plastique comme corps grotesque ( La micro danse – Meyerhold ), l’acteur parcourt l’espace, visite ou est visité par la figure, se la remémore, l’imagine, la fait parler et chanter en prenant soin de faire sur la route des mots un carrefour de tous les mots.

Le corps mobilisé dans ses articulations et recouvert d’un « Manteau de quotidienneté » sert de masque derrière lequel l’improvisateur se confronte avec l’Arcane, écran symbolique où se projettent tous les imaginaires. Son emploi pour la divination lui confère un statut particulier, celui de s’adresser à l’invisible, aux secrets et aux blessures. Il ne s’agit ni de faire de la divination ni du psychodrame. Si parfois nous effleurons ce dernier, cela reste dans le secret de notre travail d’invention de la « Mère de Vinaigre ».